Joachim n'était arrivé à Forks que la veille mais déjà, il était incommodé par l'odeur des vampires qui y résidaient. Ils devaient être des dizaines pour empester la ville pareillement, ce qui était plutôt inquiétant pour les humains qui vivaient là. Depuis la chute des Volturi, les créatures magiques migraient en masse dans ce petit coin reculé de l'Amérique du Nord et le phénomène ne serait sûrement pas enrayé avant plusieurs mois. Son oncle lui avait confirmé qu'une meute de modificateurs s'était établie dans les parages de nombreuses années auparavant mais il n'avait encore croisé aucun des individus qui la composaient. Aussi, après avoir passé la nuit dans un hôtel miteux, il avait décidé d'aller faire un tour dans les bois pour essayer de trouver leur trace.

Malgré son expérience, se promener seul sur un territoire infesté de buveurs de sang était dangereux pour lui. S'ils décidaient de l'attaquer en groupe, il ne pourrait rien faire pour les contrer. Il s'était donc montré particulièrement prudent. Les sens aux aguets même s'il était sous sa forme humaine pour ne pas trop attirer l'attention, il avait marché pendant une bonne heure avant d'arriver au centre d'une petite clairière. L'endroit était enchanteur mais il ne s'y était guère trop attardé.

Il n'avait repris son cheminement que depuis quelques minutes quand des cris étaient parvenus jusqu'à ses oreilles. Supposant qu'il s'agissait d'appels au secours, il s'était débarrassé de ses vêtements avant de se métamorphoser. Sous sa forme animale, il se déplaçait beaucoup plus rapidement que sur deux pattes. Il ne lui avait fallu que quelques secondes pour localiser l'odeur nauséabonde d'un mort-vivant. Quelques instants plus tard, il se tenait face à lui, prêt à s'interposer entre sa proie, qui demeurait invisible et sa soif de sang.

Ses oreilles s'étaient couchées sur le haut de son crâne tandis qu'il dévoilait ses crocs acérés comme des rasoirs et qu'il laissait échapper un grondement sourd. L'individu qui lui faisait face était une véritable armoire à glace ce qui ne l'arrangeait pas. Un vampire plus frêle aurait été un adversaire moins redoutable. Toutefois, il n'avait pas l'intention d'abandonner la victime à son triste sort. En tant que modificateur, il se devait d'intervenir dans des situations comme celle-ci.

Absorbé par son rôle de protecteur, il n'avait pas fait attention à la couleur des yeux de l'ennemi. Lentement, comme l'aurait fait un prédateur sauvage, il s'était mis à lui tourner autour, sans ciller. Rester immobile pourrait lui coûter cher si la sangsue décidait de se ruer sur lui...